Hectar ouvre le champ des possibles
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Au cœur de la vallée de Chevreuse, dans les Yvelines, une structure nommée Hectar se présente comme un créateur de solutions pour la transition agricole. Lancé fin 2019 par l’entrepreneuse Audrey Bourolleau, épaulée financièrement par Xavier Niel, cet espace vaste de 600 hectares accueille les nouveaux acteurs du monde rural pour perfectionner leurs projets entrepreneuriaux.
Rendez-vous à Lévis-Saint-Nom, dans les Yvelines. Sur les 800 hectares que compte la commune, 600 appartiennent au Domaine de La Boissière, repris par les fondateurs d’Hectar pour y installer tout leur écosystème. Sur place : un campus de formation, un accélérateur de startups, une ferme pilote en agriculture régénératrice, et des salles de coworking et séminaires. A une trentaine de kilomètres de Paris, cet espace marie ruralité et innovation. Objectif : créer un terreau fertile pour la transition agricole.
Le projet Hectar est né de la volonté d’Audrey Bourolleau, entrepreneuse française issue d’une famille d'agriculteurs niortais, qui a longtemps milité pour la préservation des sols. Après un passage en tant que conseillère d’Emmanuel Macron sur les questions agricoles entre 2017 et 2019, elle a souhaité passer à l’action à la fin des années 2010 en montant un projet, qui selon Valérie Fuchs, membre d’Hectar “se veut en rupture totale avec le monde agricole traditionnel”. Selon elle, “L’agriculture est l’un de nos outils les plus puissants pour répondre à la transition environnementale, mais ce milieu souffre parfois d’un manque de structures de conseil et d’accompagnement”.
Hectar s’adresse donc aux entrepreneurs du monde agricole “c’est un campus avec son propre écosystème, qui accueille des jeunes, des personnes en reconversion professionnelle et des agriculteurs qui souhaitent tester de nouveaux projets” indique Valérie Fuchs. Dans ce lieu protéiforme, le défi est triple. Le but est d’inscrire l’agriculture française dans une démarche plus durable, tout en assurant une rémunération juste et attractive aux exploitants, pour leur permettre de se projeter, et à terme, répondre à la question du manque de main-d’œuvre dans ce secteur où l’on estime que 70.000 postes sont à pourvoir.
Comme chaque projet disruptif, Hectar fait l’objet de nombreuses critiques, venues pour la plupart d’un monde paysan plus traditionnel. Fin mars 2022, un collectif en faveur de l'enseignement agricole public s’était réuni pour alerter sur les risques que représente ce projet, qui selon eux “est surtout un accélérateur de start-up”, et “instrumentalise le monde agricole en faveur de valeurs incompatibles avec la réalité du terrain”. Questionnée à ce sujet, Valérie Fuchs répond que le but d’Hectar n’est “absolument pas de challenger l'enseignement technique agricole Français", avant de poursuivre en indiquant que les actions de ce nouveau campus ne sont pas "concurrentes de l’enseignement agricole public, mais bien complémentaires”.
Si Hectar n’est pas en concurrence avec l’enseignement supérieur agricole traditionnel, c’est parce que le nouveau campus dispense un autre type de formation, basé sur l’échange et le mentoring. Valérie Fuchs l’explique “Chaque année, environ 70 personnes entrent au programme mentoring d’HECTAR avec des projets et profils très variés : culture céréalière, maraîchère ou élevage, professionnel installé ou entrepreneur en reconversion”. Sur place, l'accompagnement se fait individuellement, avec un professionnel plus aguerri en guise de mentor. En quelques semaines, chaque profil est étudié, et remodelé pour le rendre viable sur le plan économique et environnemental.
Pour étendre cet accompagnement non seulement aux exploitants, mais également aux entrepreneurs avec des projets en lien moins direct avec la ruralité, Hectar a noué un partenariat avec l’incubateur HEC Paris. Antoine d’Espalungue, le responsable de cet incubateur raconte : “L’objectif, c’est d’accompagner 80 startups sur deux ans [...] chaque développement se déroule en deux phases, une première intensive de trois à quatre mois où la mise à disposition des espaces d’Hectar permet aux startups d’expérimenter leurs solutions et parfois de redéfinir leur objectif, puis une seconde phase d’un an et demi, qui permet aux entrepreneurs de prendre le temps de se développer, de rencontrer les investisseurs de notre réseau, et d’échanger avec leurs confrères”.
Ce nouveau réacteur d’innovation agricole, même s’il est sujet à de nombreuses critiques, demeure l’un des seuls organismes mettant en œuvre de grands moyens pour inscrire l’agriculture française dans la transition environnementale. Avec son fonctionnement sur base de tutorat et de mise en relation, il est possible qu’à relativement court terme, un réseau des nouveaux agriculteurs se crée, intégrant une grande variété de profils allant de la tech aux métiers de la finance en passant par le codage et l’intelligence artificielle.
Ouvert depuis 2021, ce campus agricole nouvelle génération accueille déjà plus de 70 projets agricoles et une quarantaine de startups par an. Hectar est également un lieu de passage et de sensibilisation, puisque chaque année, le domaine de la Boissière sur lequel Hectar à élu domicile accueille plus de 1000 collégiens, lycéens et étudiants pour transmettre les enjeux et valeurs du monde rural à toute une génération.
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