Métabief change de piste
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Dans le Doubs, la station de Métabief tire un trait sur le ski alpin. Première station européenne à s’être rendu compte du caractère inévitable du déclin du ski, elle s'apprête à présenter son plan de métamorphose à l'horizon 2050.
Rendez-vous dans le massif du Mont d’Or, en plein cœur du Jura. Ici, pas besoin de monter très haut pour se rendre à la station de Métabief, qui culmine entre 900 et 1400 mètres d’altitude. A cette altitude, nous sommes en moyenne montagne, comme de nombreuses stations françaises, qui pendant de nombreuses années ont pu profiter d’une abondance de neige. Mais avec le dérèglement climatique, ces domaines ne peuvent plus regarder l’avenir d’une manière aussi sereine, et sont obligés de regarder le problème en face : le ski est sur le déclin, et ne pourra bientôt plus représenter le poumon économique en moyenne altitude. Pour prendre cette fatalité à bras le corps, Métabief, l’une des principales stations du massif du Mont d’Or à décidé de se jeter dans le grand bain, en devenant le premier domaine skiable européen à envisager l'après-ski.
Cette envie de faire bouger les choses ne vient pas de nulle part. Retour en 2016, Métabief est dos au mur, les années difficiles s’enchaînent et pour pouvoir rebondir, il faut obligatoirement investir dans de nouvelles remontées mécaniques. Olivier Erard, directeur et responsable de l'ingénierie de transition à la station, nous raconte : “Nous avions du mal à amortir nos précédents investissements dans la neige de culture, il était impossible de prendre encore plus de risque en finançant de nouvelles remontées mécaniques, il a fallu faire un choix”.
Avant de définitivement abandonner le ski, il faut être certain que la neige ne reviendra pas. Pour en avoir le cœur net, la station a réalisé une étude à partir des données du DRIAS (Donner accès aux scénarios climatiques Régionalisés français pour l’Impact et l’Adaptation de nos Sociétés et environnement) “le verdit est tombé dès les premières modélisations : d’ici 10 à 15 ans, nous ne pourrons plus compter sur le ski”. Nous sommes en 2018, Métabief débute sa métamorphose, en mettant en place une ingénierie de transition sur la station.
Abandonner le ski, bonne idée ! Mais cette décision affectera forcément le quotidien des professionnels locaux. Pour que personne ne soit laissé pour compte, Olivier Erard déclare avoir “Commencé par une enquête de terrain avec l’aide de techniciens et de pisteurs, des métiers qui seront forcément impactés par un tel changement.” Ainsi, la transition peut s’opérer avec ceux qui peuplent la station, qui au rythme de la mue de cette dernière, verront leur métier se métamorphoser.
Le fait d’être pionnier implique forcément l’absence d’exemples à suivre. A l’heure actuelle, il est difficile de dire ce qui remplacera le ski en tant que poumon économique de la station. Selon Olivier Erard “Le ski n’aura probablement pas qu’un seul remplaçant et la solution parfaite n’existe pas encore”. Enthousiaste, il déclare tout de même que “de nombreux entrepreneurs commencent à s’intéresser aux nouveaux espaces que libérerait une telle opération.”.
Si aujourd’hui, beaucoup de stations proposent de nouvelles activités de plein air, Olivier Erard souhaite mettre les choses au clair : “Il ne faut pas confondre diversification et changement profond, la vraie transition sera quand le ski ne représentera plus le cœur du modèle économique”. Car au-delà de délaisser la sensation de glisse, cette transition aura des répercussions financières, car les remplaçants du ski ne seront pas aussi lucratifs. “Même si ça n’est pas l’objectif premier, l’abandon du ski alpin est une forme de décroissance.” Indique Olivier Erard “C’est un terme que nous employons peu car il fait peur, mais qui correspond bien à une réalité”.
Cette décroissance, même présentée différemment, crée un nouveau défi : celui d’embarquer et de motiver les collectivités et les institutions publiques ou privées, dans l’inconnu. A Métabief, l’heure est à l’écriture de ce qu’Olivier Erard appelle un “masterplan”, un document qui présentera les objectifs de la station à l’horizon 2040-2050. Jusqu’ici, la première installation significative est une luge sur rail longue de 710 mètres sur laquelle les vacanciers peuvent venir s’amuser en toute saison. Premier symbole d’une métamorphose qui prendra plusieurs années, cette luge sera bientôt rejointe par d’autres infrastructures.
Avec une altitude moyenne de 1000 mètres, la station de Métabief est en première ligne du dérèglement climatique. Bientôt, les 37 kilomètres de pistes se mueront en espaces de plein air, où les 200.000 visiteurs annuels goûteront à une nouvelle vision des vacances à la montagne.
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